vendredi 15 décembre 2017

Bem vindo a Sesimbra !

J'avais décidé d'écrire, j'avais même commencé à écrire, un article sur Sesimbra et ses différents visages, un truc bien chiant et totalement insipide, à la limite entre la page wikipedia et le publi-reportage pour l'office du tourisme local, et puis je me suis vite arrêté, parce que c'est vraiment pas mon truc.
Pourtant Sesimbra ça fait maintenant quelques jours que j'y suis arrivé, et que j'arpente ses rues.
J'aime bien ce patelin, même le front de mer qui n'a pourtant pas grand chose d'attirant, avec ses grands hôtels à touristes dont la plupart sont fermés en hiver. Le front de mer j'y passe tous les jours, plusieurs fois par jour même, quand je vais me balader, manger un morceau ou boire une cerveja en ville, après m'être tapé les deux bornes de marche à pied obligatoires depuis le port. Oui, deux kilomètres, aller-retour ça fait quatre, et je fais le trajet au moins trois fois par jour. Je vous laisse faire le calcul ... et je vous le confirme, ça fait du sport !
Les mouettes ont remplacé les touristes sur la plage 

Du sport d'ailleurs y a pas que moi qui en fais. Quelle que soit l'heure à laquelle je pars du bateau, ou que j'y reviens, je croise des joggers, hommes et femmes, pas un ou deux non, mais bien souvent plusieurs dizaines, il doit y avoir un nid dans le coin c'est pas possible autrement.
À part les gens qui courent, il y a ceux qui plongent, Sesimbra est un centre de plongée sous-marine important dans la région, doit y avoir des trucs à voir dans le coin, et il y a même de la pub pour Padi (une méthode d'apprentissage de la plongée américaine avec ses niveaux, concurrente du système de la fédération française de plongée sous-marine) ou la plongée au Nitrox. Et il y a aussi ceux qui surfent (il y a de jolis rouleaux dans la baie, d'ailleurs le Portugal, avec en particulier la vague de Nazaré, est célèbre pour ses spots de surf) et les touristes qui pratiquent la pêche sportive (la pêche sportive c'est quand tu paies pour aller pêcher et pas le contraire !).


Au front de mer je préfère de loin l'intérieur de la ville, avec l'histoire et l'authenticité d'un petit bourg portugais, avec ses rues étroites, ses vieilles maisons aux façades en céramique, ses vrais gens qui vont au boulot tous les jours (contrairement à moi qui n'en fous pas une rame !) et que je côtoie dans les petits bistrots le matin au café, ou dans les petits restos approvisionnés par les pêcheurs locaux (Sesimbra est un port de pêche artisanale), où tu t'assois comme à la cantine, les uns à côté des autres sans forcément se connaître, et où tu manges pour moins de 10€ le midi.
C'est des gourmands les portugais, et ils aiment particulièrement les petites douceurs, les sucreries, les pâtisseries, il y a plusieurs pâtisseries-salons de thé en ville, où l'on a de la peine à trouver une place assise ... ce qui ne me dérange pas trop, car d'une part je préfère la bière, et d'autre part je peux la boire debout accoudé au comptoir !
     









Restaurant Isaias : à l'extérieur ...
                                    
... Et à l'intérieur !


L'autre jour je me suis tapé une sacrée grimpette ! Sesimbra, au départ, a été bâtie en hauteur, sur un promontoire, et entourée d'un mur fortifié, pour se protéger des raids des Maures. La ville ne s'est étendue vers le bas, vers la mer, que lorsque la région a été pacifiée.
Et donc j'ai joué au parfait touriste amateur de vieilles pierres (alors qu'en réalité je n'en ai rien à f...)  et je suis monté au Castelo par un petit chemin bien pentu qui m'a fait transpirer à grosse gouttes (il faisait entre 15 et 20 degrés avec un beau soleil et un ciel bien bleu), et j'y ai fait plein de photos que j'ai envoyées au fur et à mesure à ma petite famille par Whatsapp. D'ailleurs, partout où je passe depuis mon départ, je fais à chaque fois plein de photos, que j'envoie à ma petite famille par Whatsapp.

Ça grimpe, ça grimpe !























Bon ben finalement j'ai bien l'impression que je viens de l'écrire mon article wikipediesque sur Sesimbra, et je pense n'avoir rien oublié ... Ah si ! Il y a une autre raison pour laquelle j'aime particulièrement ce lieu : c'est à cause de son quai public gratuit, et de l'accueil et la bienveillance des locaux qui te disent qu'il n'y a aucun problème si tu veux y laisser ton bateau seul pendant plusieurs semaines, et qu'ils y feront attention. Du coup je peux interrompre mon voyage pour quelques temps et rentrer passer les fêtes avec Nadiège et mes enfants, qui me manquent, beaucoup !
Je vous souhaite à tous de passer vous aussi de très bonnes fêtes de fin d'année, et je vous donne rendez-vous ici en janvier, pour la poursuite du voyage d'Hiva Oa !
Ça me fait drôle de te laisser seul ici, mon bobatô !


lundi 11 décembre 2017

De Baiona, Gallice, à Sesimbra, Portugal, au sud de Lisbonne (245M)

Vendredi 8 décembre, 15h45
Et m..., ça démarre pas ! Faut dire, je l'ai bien cherché, ne dit-on pas qu'il ne faut jamais partir en mer un vendredi !
Je me doutais bien que ça finirait par arriver, j'ai pas touché aux connexions (à part pour tenter de nettoyer un peu l'oxydation) quand j'ai acheté le bateau, je sais que le système électrique d'Hiva Oa est un point faible, ben voilà, je suis dedans !
Bon, en couplant la batterie moteur et les batteries de service et en bidouillant les coupe-circuit on-off-on-off-on-off-on, ça finit par partir. On va y aller comme ça, mais je ne suis pas trop tranquille.
Vendredi 8 décembre, 16h00
J'ai remonté l'ancre (à la main comme d'hab puisque j'ai pas de guindeau) et c'est parti.
Jpla (un copain du forum sillages qui me conseille sur les options météo), m'a donné deux possibilités : soit partir très tôt et tirer loin au large afin de choper du vent pour arriver sur Lisbonne samedi en fin d'après-midi, soit attendre vendredi soir pour partir au portant et arriver dimanche matin.
Tôt le matin je serai jamais prêt, et partir quand il fait nuit j'aime pas du tout, donc c'est 16h00.
À peine le mouillage quitté je regrette déjà d'avoir attendu. Ce matin y avait pas un pet de vent, temps de demoiselle, cet après-midi je mettrai un bon deux heures à quitter la baie de Baiona, avec plein vent dans le nez, du courant et une mer bien hachée. Puis le vent tombe presque complètement mais il reste de face, la mer ressemble à un champ de patates colonisé par une tribu de taupes, et je marche au moteur, cap vers le large pour tenter de gagner une zone avec un vent plus favorable.
" .. avec un ciel si bas qu'un canal s'est perdu .."

Vers 20h je peux enfin couper le moteur et mettre à la voile, ça avance pas très vite, c'est pas très portant non plus mais au moins le bateau glisse sur l'eau sans bruit, et la mer s'est bien apaisée.

Samedi 9 décembre, 02h30
Le vent est tombé ... totalement ..Y a plus rien, pétole ! Bon ben moteur alors ! 8 heures de moteur jusqu'à ce que le vent revienne, modérément, environ 10 nœuds, d'abord orienté ouest  puis refusant (je l'ai de plus en plus de face) petit à petit jusqu'à m'obliger à modifier mon cap, là si ça continue je passe pas Peniche.
Passager clandestin au petit matin

Samedi 9 décembre, 17h30
J'essaie de faire une petite sieste en prévision de la nuit à venir, je vais longer la côte et va falloir être vigilant !
J'arrive pas à dormir, mon problème électrique de la veille me taraude, bon allez, pour me tranquilliser je démarre le moteur ... qui ne démarre pas !
Alors là mon coco, t'es un peu dans le caca ! Car après avoir marché sous pilote auto toute la journée, sans soleil donc sans recharge des batteries par les panneaux, si ton moteur démarre pas, il ne démarrera pas demain matin non plus, et le pilote ne tiendra pas longtemps non plus si les batteries sont fatiguées !
Grand moment de stress ... J'essaie de démarrer sur la batterie moteur, puis sur les batteries service, puis en couplant le tout, en bidouillant encore et encore les coupe-circuits, rien n'y fait !
Et puis l'illumination : je coupe tout, le pilote, les instruments électroniques, les prises 12V, tout, je tourne la clé et alleluia !
J'ai eu chaud, très chaud ! Tellement chaud que je prends la décision, alors qu'il y a du vent et que je marche à la voile, de ne plus arrêter ce foutu moteur, trop la trouille qu'il ne redémarre pas ! Je vais faire tourner ce moteur pendant 17 heures, jusqu'à mon arrivée !
Dimanche 10 décembre, 11h00
Comme prévu j'ai eu du mal à passer le cap de Peniche, je me suis même appuyé au moteur pour y arriver, vers 01h00 du matin.
Le vent continuant à refuser, j'ai bien galéré jusqu'aux 2 caps à l'embouchure nord du Tage, dans un près bien serré qui faisait taper le bateau dans une mer assez forte ... Et puis j'ai tout oublié dans les 30 derniers milles avant  d'arriver à Sesimbra ! Mon cap me permettait de mieux prendre le vent, qui lui-même avait légèrement tourné en se renforçant !
Le cap Espichel

Un bon 20 nœuds de vent, au travers, et Hiva Oa qui cavalait sur les vagues à 9-10 nœuds de moyenne ! Ce trimaran il ressemble aux oiseaux de mer qui planent à quelques centimètres au dessus des flots ... Je t'aime mon bateau !
Je suis à quai, un quai public, gratuit, et je vais bien dormir, et tenter de régler mes problèmes électriques, avant de songer à la suite du voyage !


jeudi 7 décembre 2017

Un peu de tourisme et une belle rencontre

Moi, les visites, les monuments, toutes ces choses c'est pas vraiment mon truc, et quand je peux éviter je ne me gêne pas. Mais là c'est pas pareil, je suis tout seul, ma famille me manque et j'avais envie de de partager avec eux ce moment passé à Baiona. Alors j'ai arpenté la ville, et en particulier la vieille ville, une belle balade qui m'a pris la matinée. 






Et puis Baiona c'est le lieu de naissance d'un certain capitaine Pinson, qui commandait la Pinta, l'une des caravelles de Christophe Colomb. 

À part ça, cet après-midi midi j'ai fait la connaissance d'un personnage hors du commun. Il passait à bord de son annexe tout près de mon bateau pour regagner son bord, et on a engagé la conversation, d'abord devant un café, bientôt suivi d'un breuvage un peu plus alcoolisé. 
Ce gars vit sur son bateau depuis presque 20 ans, il s'est présenté à moi comme kenyan chercheur de trésors, et de me montrer sa chasse du matin, environ 10€ en pièces trouvées sur la plage à l'aide d'un détecteur de métaux ! 
Quatre heures de conversation sur tous les sujets possibles, de la vie à bord au Brexit en passant par la colonisation de l'Afrique et les vertus du whiskey irlandais. 
Ce personnage n'est pas un inconnu du monde de la voile puisqu'il s'agit de Tim McCloy et de son bateau de 25 pieds China Blue, un des organisateurs du Jester Challenge, une course ouverte aux petits bateaux, sans droit d'inscription ni récompense. 

Tim McCloy, chasseur de trésors 

mercredi 6 décembre 2017

Sauts de puce ...

J'ai décidé de repartir dimanche 3 de Carino, mais tranquillement, pour deux raisons :
- le vent est tombé, donc terminé les bonnes moyennes journalières, et bienvenue aux alternances voile-moteur,
- et puis ce dégolfage m'a claqué, littéralement, je sens méchamment mes 57 ans, et je n'ai pas envie de me retaper tout de suite des nuits de veille !
Je vais donc procéder par petites étapes ...

La première étape me mènera de Carino à Arès, dans le golfe de la Corogne, la journée de dimanche. Un départ vers 9h30, dans le froid mais au soleil, une nav' au moteur car pas de vent du tout, jusqu'à 18h30, et mouillage, à l'ancre dans la baie d'Arès. Mise à l'eau du dinghy, petite balade sur le front de mer, deux cervezas et une petite salade dans un bar à écouter Eric Clapton avec Cream, et je rentre au bateau pour me mettre au lit, crevé de n'avoir rien foutu de toute ma journée.
On passe le cap Ortegal

Un petit en-cas ?
Ares au matin



La deuxième étape, lundi, me conduira à Laxe, environ 40M de distance, comme la veille, mais cette fois avec un peu de vent. Comme la veille j'arrive à Laxe vers 18h30, à la tombée de la nuit (le soleil se couche plus tard ici). Comme la veille, à peine l'ancre jetée je mets l'annexe à l'eau et vais faire un tour en ville, où je trouve un bar sympa, assez typique, peuplé uniquement d'hommes d'un âge certain (ils sont tous plus âgés que moi, chouette !) qui boivent du vin en grignotant quelques tapas et discutant fort. Ça me change, tout ce bruit, et ça me soûle un peu (à moins que ce ne soit la bière), moi qui prends des habitudes bizarres, à parler tout seul à voix haute quand je suis en mer, mais aussi dans la rue. Moment sympa dans ce bistrot, mais je ne rentre pas tard, faut que je sois en forme demain pour repartir.
Ambiance, ambiance !
Laxe


L'étape suivante, hier mardi 5 décembre, doit me conduire à Muxia, où j'ai décidé d'aller m'abriter d'un coup de sud qui doit débuter doucement mercredi pour forcir jeudi et atteindre 20 à 25 nœuds. 20 à 25 nœuds de vent c'est pas la tempête, mais quand le vent vient du sud et qu'on va vers le sud, mieux vaut faire une pause et attendre que ça tourne. Donc ce sera Muxia, un village bien abrité ... du vent du sud ! En plus, c'est pas loin, une quinzaine de milles, donc du gâteau !
C'est tellement du gâteau, avec un petit zef bien orienté et du soleil, qu'au bout de 10M je me décide à prolonger cette étape jusqu'à Muros, ça va la rallonger de 30M, mais il faut profiter des bonnes conditions, et puis chaque mille gagné me rapproche de mon but !
Ok y a du soleil, mais le vent est
un peu frisquet !

Je vais arriver à Muros vers 19h30, donc à la nuit bien tombée. Ça ne m'enchante jamais d'entrer dans un port inconnu de nuit, mais j'ai bien repéré les lieux sur mes cartes (électroniques) et sur google earth, faudra juste faire attention aux cailloux qui traînent avant l'entrée du port.
16h00 je double le cap Finisterre avec un serrement de gorge, le cap Finisterre, déjà par son nom, m'a toujours évoqué quelque chose de mystérieux, plein d'aventure à venir, c'est là où se finit la terre, et puis c'est là aussi où pour moi se termine officiellement la première partie de mon voyage, côté golfe de Gascogne. Maintenant, on se tourne vers le sud, du côté ibérico-lusitanien (bon, hispano-portugais ça marche aussi hein !) !
Au cap Finisterre : émotion !

18h00, le vent est totalement tombé, la mer est d'huile, le soleil est bas sur l'horizon et je vais mettre le clignotant à gauche vers Muros ... vers Muros, t'es sûr ? Regarde, de toutes façons quand tu vas arriver il fera nuit noire, et puis la mer est calme, le cap Finisterre t'a laissé passé sans que Neptune ou Éole ne manifestent le moindre mouvement d'humeur ... Et si on poussait un peu plus loin ?
Baiona n'est qu'à 40M de plus, en marchant tranquillement au moteur (le réservoir est plein) tu peux y être vers 3 heures du mat', regarde, t'as pas sommeil, t'as envie d'avancer, et ça pourrait franchement raccourcir la prochaine étape, peut-être vers Lisbonne.
Carte postale

Allez banco, on y va, direction Baiona, tout près de la frontière avec le Portugal.
Et ce sera une fin de nav' sans histoire, avec une arrivée à 2h45, et un plantage de pioche tranquille suivi d'un sommeil agité mais réparateur jusqu'à 8h30 ce matin !
Euh, une fin de nav' sans histoire si on fait abstraction de la petite aventure qui m'est arrivée aux alentours de minuit.

La nuit il faut faire la veille (comme le jour d'ailleurs) afin d'éviter tout accrochage avec un autre navire. Mais y a pas besoin de regarder la route tout le temps comme en voiture. Donc on jette un œil circulaire pour vérifier que l'horizon est clair, et puis on rentre vite à l'intérieur parce qu'on est en décembre et qu'on se les gèle !
Or donc, vers minuit, je venais de redescendre dans le bateau et je regardais tranquillement une série américaine sur l'ordinateur, quand tout à coup le ciel dehors s'illumine, enfin non pas le ciel mais mon bateau, comme s'il était éclairé par un projecteur !
Dans un cas pareil, t'as le palpitant qui prend  des tours d'un seul coup et tu sautes de ta couchette pour voir ce qui se passe ... C'est ce que j'ai fait !
Je mets le nez dehors et je vois à une dizaine de mètres à l'arrière de mon bateau, un énorme projecteur qui m'aveugle, impossible de distinguer autre chose. Le projecteur se déplace, venant sur mon bâbord tout en restant derrière moi, et je finis par apercevoir une forme sombre, très sombre, genre cigarette offshore, cachée derrière le projo.
Le manège a duré je pense une ou deux minutes (dans ces cas-là la notion du temps devient très floue) avant que j'entende une voix appeler à la VHF, en anglais mais avec un accent espagnol, le bateau Hiva Oa !
C'était je pense un bateau de surveillance des côtes espagnoles, une de ces vedettes ultra-rapides peintes en noir qui circulent sans lumière pour mieux surprendre les vilains ... sauf que moi je suis un bon p'tit gars, loin d'être un vilain, du coup quand ils m'ont demandé à la VHF d'où je venais, j'ai eu un immense trou de mémoire (je venais de quitter Laxe le matin même !) et j'ai dû leur demander une minute pour avoir le temps de chercher sur la carte le nom du bled que je venais de quitter ! 
Il a fallu leur dire  aussi où j'allais, combien j'étais à bord (j'écris "combien j'étais" et pas "combien nous étions" car comme vous le savez je navigue seul ... pour l'instant) et le nom du port d'attache du bateau : quand j'ai dit "Sète" ils m'ont demandé de répéter, c'est bizarre ça, ils ne connaissent pas Sète par ici !
Voilà donc ma petite aventure nocturne, qui a eu un côté positif, celui de me démontrer le bon état (en tout cas jusqu'à présent) de mes artères coronaires et de mon muscle cardiaque ! 

Dégolfage (suite)

Deux petites vidéos à vous faire partager, évidemment prises quand le temps était maniable, car quand ça bastonne on a autre chose en tête !
Et ah oui, j'ai quand même réussi à perdre, je ne sais pas comment, deux lattes de grand-voile, et ma girouette de tête de mât s'est envolée pendant un grain ...




samedi 2 décembre 2017

Première étape

Depuis Carino, cap Ortegal, Espagne

Parti de Paimboeuf mercredi en début d'après-midi, j'ai descendu tranquillement la Loire jusqu'à Saint-Nazaire où j'ai envoyé la toile, direction l'Espagne.

                                   

Ça y est, c'est pour de vrai, notre bel Hiva Oa va rentrer en Méditerranée, avec moi à la barre. 
Fin d'après midi tranquille, le bateau marche bien. Je m'installe dans le cockpit sur un pouf-poire, couvert d'un duvet, la belle vie, ne me manque que Nadiège, comme toujours. 
Dans la nuit le vent monte doucement, je ne m'inquiète pas, les gribs prévoient 15 à 20 nœuds, 25 jeudi en début d'après-midi...
À 6h00 du mat' jeudi il y a déjà entre 25 et 30 nœuds, avec quelques grains où ça monte à plus de 35 ! 
Et c'est pas fini, ça continuera de monter jusqu'à 30-35, et des grains presque sans discontinuer toute la nuit de jeudi à vendredi, avec jusqu'à 50 nœuds sous les grains et une pluie glaciale...sans compter que moi qui n'ai jamais vraiment été malade en bateau, j'ai eu un mal de mer terrible dès jeudi matin, à ne pouvoir garder même un verre d'eau dans l'estomac. À ce propos, c'est vrai que la banane est aussi agréable à vomir qu'à manger !
Bref moi qui pensais passer le cap Finisterre, je me suis arrêté un peu avant, vendredi à midi, dans un petit port de pêche abrité du vent de nord, Carino où je me retape comme je peux !
Arrivée en vue du cap Ortegal 

Pulpo a la Galega, conseillé par Nina,
 une tuerie


dimanche 26 novembre 2017

Retour en Med : la préparation !

Le programme maintenant, c'est retour vers la Méditerranée, car avoir sa famille en vallée du Rhône et un voilier à Saint-Nazaire, ça n'est pas tenable longtemps. Et quand je dis "le programme maintenant", c'est maintenant !
Maintenant, cela veut dire un voyage d'environ 1500 M (milles marins), même si je ne suis pas encore certain du but final : remonter le Rhône jusqu'à Vienne, ou jouer au sdf de la mer, un temps sur l'étang de Thau, un temps dans la baie de Villefranche/mer ... ou encore essayer de dénicher le "bon plan" genre marina pas encore achevée où je pourrai amarrer Hiva Oa gratuitement. Car vu la taille de l'engin, et nos moyens financiers plutôt limités, un stationnement payant en marina est totalement exclu !
Le voyage à venir : jusqu'à Gibraltar c'est sûr, après ...?
Un voyage comme celui-ci, qui plus est en hiver, cela se prépare. Quand le bateau est prêt, la préparation n'est pas terminée, il faut encore envisager les étapes possibles, et tenir compte de la météo !
Pour définir les lieux où je pourrai faire escale, j'ai utilisé plusieurs moyens, tous sur internet :
- la consultation de deux sites, d'abord sea-seek.com, où l'on peut trouver une compilation d'informations sur des lieux de mouillage partout dans le monde, téléchargeables par régions sous forme de pdf, et le site webapps.navionics.com, où en consultant attentivement la carte, on trouve également des lieux de mouillage symbolisés par de petites ancres,
- et surtout les contacts avec d'autres navigateurs, inscrits comme moi sur des forums de voile, qui connaissent les côtes que je vais longer, qui s'y sont arrêtés, et qui me font profiter de leurs connaissances et de leur expérience, merci à eux !
C'est ainsi que j'ai pu (cf. les petites ancres bleues sur la carte ci-dessous) dresser une liste exhaustive et positionner sur la carte toute une série de mouillages où j'aurai éventuellement la possibilité de faire escale, des mouillages (ou ports publics) sûrs, abrités, et gratuits !
Pas mal de possibilités ...
Venons-en maintenant à la météo !
La météo c'est le gros morceau, le passage obligé, le marin professionnel comme le plaisancier du dimanche, s'ils ont un peu de sérieux, ne prennent jamais la mer sans s'être d'abord renseignés sur la situation et sur les prévisions météo.
La météo, pour un voyage comme celui-ci, je la prends sur internet, sous forme de fichiers (des fichiers GRIB) mis à jour quatre fois par jour, qui donnent des prévisions par zones, pour plusieurs jours, et qui permettent de trouver le moment propice, par exemple dans mon cas pour traverser le golfe de Gascogne.
Pour passer le golfe, j'ai besoin pendant 2 à 3 jours minimum, d'un vent pas trop fort et bien orienté, bien orienté voulant dire venant d'un secteur qui va du Nord-Nord-Ouest à l'Est-Sud-Est. Et je dois absolument éviter les vents de l'Ouest au Sud.
Hé ben ça tombe bien, il se pourrait qu'une fenêtre s'ouvre (si les gribs se confirment) à partir de mercredi matin, au moins jusqu'à samedi. Et si la tendance se confirme, pour moi ça signifie départ mercredi à l'aube ... si ça se confirme et que j'ai terminé les derniers préparatifs !
Prévisions météo pour mercredi midi d'après les fichiers
gribs d'aujourd'hui. Les flèches donnent la direction
du vent et les barbules l'intensité.


jeudi 23 novembre 2017

... Prologue : la suite !

... Et le trimaran à 57 ans dans tout ça ? ...


On y vient, on y vient, patience !

Allez, passons allègrement du retour en France à l'été 2005, le travail, la routine, les antidépresseurs, bref la vie quotidienne de tout un chacun, à l'été 2014 où, discutant de la manière d'occuper notre future retraite, septembre 2017 pour moi, quelques années plus tard pour Nadiège, nous avons décidé d'ouvrir un nouveau chapitre bateau.
Cette décision m'a permis de tenir professionnellement les trois ans qu'il me restait à effectuer, en passant mon temps entre les forums de voile, les petites annonces à éplucher, les hésitations sur le montant de l'investissement financier à consacrer à l'achat de notre troisième voilier, le parcours de notre prochain voyage.

Samedi 30 septembre 2017 14h00, Paimbœuf (Loire Atlantique) :
Ça y est, c'est fait, je viens de faire le virement, l'acte de vente est signé, et nous sommes propriétaires d'un trimaran de 12m de long sur 8m de large qui s'appellera ... Hiva Oa !

Pourquoi Hiva Oa au fait ?
À l'achat de notre premier voilier, lorsque nous avons lui cherché un nom, nous évoquions l'éventualité d'aller faire un tour dans le Pacifique. Et tout naturellement Hiva Oa nous est apparu, comme une évidence. Hiva Oa c'est les Marquises, et les Marquises c'est au bout du monde, et c'est Brel, et Gauguin. Nous ne sommes pas allés dans le Pacifique lors de notre premier voyage, et notre deuxième bateau s'est appelé Hiva Oa, ainsi que l'actuel.

Notre trimaran est un voilier de construction amateur, d'après un plan Newick modifié par le premier propriétaire qui en a légèrement augmenté le volume pour un peu plus d'habitabilité et un meilleur passage dans la mer formée. Sa coque centrale est en aluminium et les flotteurs latéraux sont en nid d'abeille. Il avait besoin d'un sérieux coup de propre car il était "dans son jus" depuis un an et demi dans un port à sec près de l'estuaire de la Loire.

Hiva Oa en septembre
Plan de l'intérieur actuel

Octobre et Novembre ont passé vite, il y avait du travail à faire avant de remettre le bateau à l'eau, j'en ai fait une partie seul, et pendant les vacances scolaires de Toussaint on a mis le paquet, Nadiège et moi.
Les travaux réalisés :
- Un grand, très grand nettoyage de l'intérieur et de l'extérieur,
- ponçage de la coque sous la ligne de flottaison,
- antifouling (la peinture sous-marine anti-salissures),
- achat d'une grand-voile d'occasion (bon ok ça c'est pas du travail, juste 500km A/R pour la récupérer),
- entretien du moteur (vidange de l'huile moteur, remplacement des filtres à huile et à gazole, de la turbine de pompe à eau de mer, traitement du réservoir de gazole au grotamar),
- achat de nouvelles batteries et mise en parallèle,
- achat, pose et branchement de panneaux solaires et d'un régulateur,
- travail sur l'étanchéité des liaisons coque centrale/flotteurs (pose de tissu de verre, résine et gel coat époxy),
- "dérouillage" de la chaîne d'ancre,
- réparation de l'annexe (un zodiac de 2m70) dont le fond était presque totalement décollé.

Et vendredi 17 novembre à 16h00, la récompense : mise à l'eau du bateau, dans l'angoisse et la peur que quelque chose cloche, que le moteur ne démarre pas, qu'il y ait une voie d'eau ...
Et miracle, il flotte, le moteur tourne (pas très régulier au début, on voit qu'il n'a pas tourné depuis presque deux ans), et je peux aller l'amarrer à un corps-mort à quelques centaines de mètres du chantier.

Il ne reste plus qu'à attendre la bonne fenêtre pour partir car maintenant, le programme, c'est retour en Méditerranée par le golfe de Gascogne, l'Espagne, le Portugal et le détroit de Gibraltar.
Et en décembre, c'est pas vraiment la meilleure période !

Mise à l'eau
Hiva Oa sur son corps-mort

Prologue ...

... Si à 57 ans t'as pas un trimaran, t'as raté ta vie ...

Avouez que cette formule a un peu plus d'allure que celle de la Rolex à 50 ans, inventée par un publicitaire has-been !
Hé bien, faut croire que j'ai pas raté ma vie alors ...
Mais pour expliquer tout cela, un petit retour en arrière est indispensable.


Hiva Oa en juillet 1993

Notre premier bateau s'appelait Hiva Oa : c'était un magnifique Sun Fizz, un monocoque de 12 mètres, un "3 cabines" avec pont teck que nous étions allés acheter en Belgique. C'était en 1993, en juin 1993. Notre voilier c'était notre maison, on vivait dessus toute l'année avec nos deux filles (5 ans et 2 ans lors de l'achat du bateau), au port des Roches de Condrieu, sur le Rhône, et de début juillet à fin août on s'offrait deux mois de croisière en Méditerranée.
Cette vie de "romanichels fluvio-maritimes" a duré trois ans, le temps nécessaire pour remplir la caisse de bord et préparer Hiva Oa à la grande aventure de l'année sabbatique, de juillet 1996 à juin 1997, année pendant laquelle nous avons réalisé un tour de l'Atlantique, passant par Gibraltar, Madère, les Canaries, le Cap Vert et les Antilles avant un retour mouvementé par les Açores.
Retour en France, retour au travail, mais avec dans un petit coin de la tête la certitude de repartir un jour ...
En route vers Madère


Cette certitude s'est concrétisée 7 ans plus tard ! 
Après une opération du dos et une rééducation pas facile, fin mai 2004 je me sens moins faible, j'arrive à marcher plus de 5 minutes sans être essoufflé, c'est le printemps, le soleil est là et le moral remonte en flèche. Un soir je regarde Nadiège et je lui dis : 
- T'as pas envie de repartir ? Si on vendait la maison ? On se reprend une année de dispo et on se barre avec les enfants !
- Chiche !
Un mois plus tard la maison était en vente, notre disponibilité acceptée par l'inspection académique, et je filais en Turquie pour voir le bateau qu'on allait acheter.
Cette fois un voilier de 12m c'était trop juste, on avait quatre enfants, la plus grande, 17 ans, entrait en terminale, et la plus petite, un an et demi, marchait depuis quelques mois seulement. Pour loger tout ce petit monde, j'avais repéré à Marmaris un Gibsea Master 48, 14m50, quatre cabines dont deux avec couchettes superposées, l'idéal pour une famille nombreuse. Et mi-juillet Nadiège et les enfants me rejoignaient sur Hiva Oa (car on l'avait nommé Hiva Oa, lui aussi) et on appareillait pour une nouvelle année sabbatique.
Expérience très différente de la première, avec quelques soucis, sur le bateau d'abord qu'on n'avait pas eu le temps de préparer convenablement, qui manquait d'autonomie électrique et dont le pilote automatique nous laissa tomber à plusieurs reprises ; avec notre fille aînée, Cloé, qui nous quitta fin décembre à Las Palmas aux Canaries, pour rentrer finir sa terminale en France car elle angoissait de n'être pas à la hauteur pour passer son bac. Et quelques ennuis financiers également, car la maison ne se vendait pas, et notre compte bancaire se vidait de manière inquiétante.
Ces problèmes financiers nous menèrent à Dakar, au Sénégal, où l'on m'avait dit que je pourrais trouver à "bricoler" pour faire bouillir la marmite ... Et c'est ainsi que nous sommes devenus contrebandiers ! Oh, pas de drogue, pas d'armes ni de clandestins, simplement des djembés, batiks et autres objets artisanaux africains que nous transportions "hors douane" de Dakar jusqu'aux îles du Cap Vert !
Cette activité nous a permis de vivre confortablement cette année sabbatique tout en exaltant mes rêves d'aventures à la Henry de Monfreid ... Toutes proportions gardées bien entendu !
À notre retour en France à l'été 2005, nous n'avons pas évoqué immédiatement un nouveau départ, conscients qu'il faudrait cette fois plus de temps  pour que les conditions propices à une nouvelle aventure soient réunies ... Mais nous savions tous les deux que nous repartirions !

Sur la plage à Dakar

Jour de régate en baie de Hann (Sénégal)