lundi 11 décembre 2017

De Baiona, Gallice, à Sesimbra, Portugal, au sud de Lisbonne (245M)

Vendredi 8 décembre, 15h45
Et m..., ça démarre pas ! Faut dire, je l'ai bien cherché, ne dit-on pas qu'il ne faut jamais partir en mer un vendredi !
Je me doutais bien que ça finirait par arriver, j'ai pas touché aux connexions (à part pour tenter de nettoyer un peu l'oxydation) quand j'ai acheté le bateau, je sais que le système électrique d'Hiva Oa est un point faible, ben voilà, je suis dedans !
Bon, en couplant la batterie moteur et les batteries de service et en bidouillant les coupe-circuit on-off-on-off-on-off-on, ça finit par partir. On va y aller comme ça, mais je ne suis pas trop tranquille.
Vendredi 8 décembre, 16h00
J'ai remonté l'ancre (à la main comme d'hab puisque j'ai pas de guindeau) et c'est parti.
Jpla (un copain du forum sillages qui me conseille sur les options météo), m'a donné deux possibilités : soit partir très tôt et tirer loin au large afin de choper du vent pour arriver sur Lisbonne samedi en fin d'après-midi, soit attendre vendredi soir pour partir au portant et arriver dimanche matin.
Tôt le matin je serai jamais prêt, et partir quand il fait nuit j'aime pas du tout, donc c'est 16h00.
À peine le mouillage quitté je regrette déjà d'avoir attendu. Ce matin y avait pas un pet de vent, temps de demoiselle, cet après-midi je mettrai un bon deux heures à quitter la baie de Baiona, avec plein vent dans le nez, du courant et une mer bien hachée. Puis le vent tombe presque complètement mais il reste de face, la mer ressemble à un champ de patates colonisé par une tribu de taupes, et je marche au moteur, cap vers le large pour tenter de gagner une zone avec un vent plus favorable.
" .. avec un ciel si bas qu'un canal s'est perdu .."

Vers 20h je peux enfin couper le moteur et mettre à la voile, ça avance pas très vite, c'est pas très portant non plus mais au moins le bateau glisse sur l'eau sans bruit, et la mer s'est bien apaisée.

Samedi 9 décembre, 02h30
Le vent est tombé ... totalement ..Y a plus rien, pétole ! Bon ben moteur alors ! 8 heures de moteur jusqu'à ce que le vent revienne, modérément, environ 10 nœuds, d'abord orienté ouest  puis refusant (je l'ai de plus en plus de face) petit à petit jusqu'à m'obliger à modifier mon cap, là si ça continue je passe pas Peniche.
Passager clandestin au petit matin

Samedi 9 décembre, 17h30
J'essaie de faire une petite sieste en prévision de la nuit à venir, je vais longer la côte et va falloir être vigilant !
J'arrive pas à dormir, mon problème électrique de la veille me taraude, bon allez, pour me tranquilliser je démarre le moteur ... qui ne démarre pas !
Alors là mon coco, t'es un peu dans le caca ! Car après avoir marché sous pilote auto toute la journée, sans soleil donc sans recharge des batteries par les panneaux, si ton moteur démarre pas, il ne démarrera pas demain matin non plus, et le pilote ne tiendra pas longtemps non plus si les batteries sont fatiguées !
Grand moment de stress ... J'essaie de démarrer sur la batterie moteur, puis sur les batteries service, puis en couplant le tout, en bidouillant encore et encore les coupe-circuits, rien n'y fait !
Et puis l'illumination : je coupe tout, le pilote, les instruments électroniques, les prises 12V, tout, je tourne la clé et alleluia !
J'ai eu chaud, très chaud ! Tellement chaud que je prends la décision, alors qu'il y a du vent et que je marche à la voile, de ne plus arrêter ce foutu moteur, trop la trouille qu'il ne redémarre pas ! Je vais faire tourner ce moteur pendant 17 heures, jusqu'à mon arrivée !
Dimanche 10 décembre, 11h00
Comme prévu j'ai eu du mal à passer le cap de Peniche, je me suis même appuyé au moteur pour y arriver, vers 01h00 du matin.
Le vent continuant à refuser, j'ai bien galéré jusqu'aux 2 caps à l'embouchure nord du Tage, dans un près bien serré qui faisait taper le bateau dans une mer assez forte ... Et puis j'ai tout oublié dans les 30 derniers milles avant  d'arriver à Sesimbra ! Mon cap me permettait de mieux prendre le vent, qui lui-même avait légèrement tourné en se renforçant !
Le cap Espichel

Un bon 20 nœuds de vent, au travers, et Hiva Oa qui cavalait sur les vagues à 9-10 nœuds de moyenne ! Ce trimaran il ressemble aux oiseaux de mer qui planent à quelques centimètres au dessus des flots ... Je t'aime mon bateau !
Je suis à quai, un quai public, gratuit, et je vais bien dormir, et tenter de régler mes problèmes électriques, avant de songer à la suite du voyage !