dimanche 28 janvier 2018

Barbate - Gibraltar - Roses : Je suis dans la Med, vérification de la loi de Murphy !

Oui je sais, j'ai été bien silencieux depuis mon dernier article. Je pourrais tenter de dire que j'ai des excuses, que j'ai beaucoup navigué, que j'ai été bien fatigué par les milles  parcourus et qu'il me fallait d'abord un peu de repos avant de vous tenir au courant ; oui je pourrais dire tout cela ... hé bien je le dis, j'ai bien navigué, je suis arrivé ici à Roses fatigué et j'avais besoin de me retaper un peu avant de me mettre à la rédaction de ce nouvel article !
Passé ce préambule, ou cette mise au point, reprenons le cours de mon voyage chronologiquement ...

Samedi 20 janvier 2018, Barbate - Gibraltar, 38M
Nous quittons Barbate, Fabien et moi (Fabien à la barre d'Askatasuna), par un tout petit temps et un courant contraire qui nous font avancer à 3-4 Nds pendant une petite heure , puis le vent d'ouest se lève progressivement, le courant s'inverse (conformément à ce que nous attendions), et nous accélérons l'allure pour atteindre Tarifa et l'entrée du détroit de Gibraltar à une vitesse de 7 à 8 Nds.
Tarifa ... J'ai un petit pincement au cœur au passage de ce lieu puisque nous y sommes allés pour la première fois il y aura bientôt trente ans, lorsque nous étions mordus de planche à voile et que Tarifa était la Mecque des windsurfers. Et le détroit, hé bien c'est quand même la quatrième fois que je l'emprunte, la deuxième dans ce sens, mais la première sans Nadiège, et comme souvent quand je pense à elle, j'ai un vilain petit coup de blues qui a facilement tendance à troubler ma vue, à moins que ce ne soit l'accélération du vent à l'entrée du détroit, allez on va dire que c'est ça !
Un régal le passage du détroit aujourd'hui, le courant est avec nous, on a bien calculé avec Fabien, et le vent nous pousse allègrement, Hiva Oa cavale et dépasse les 10 nds largement, et m'emmène au mouillage de La Linea, la ville-frontière espagnole jouxtant Gibraltar, où je pose la pioche après être allé faire le plein de carburant, détaxé du côté anglais.
Une fois au mouillage, j'emmène Fabien découvrir Grand Casemate Square, une place typique de Gibraltar, où nous buvons une pinte de Guiness avant de retourner côté espagnol manger dans un restaurant non moins typique, le Hong Kong Wok, avec ses menus à volonté pour une poignée de figues, ou de litchis si vous préférez.

Tarifa, le point le plus au sud de l'Europe continentale



The Rock !

Ouais, bof !


Dimanche 21 à Jeudi 25 janvier, Gibraltar-Roses, 640M
Départ très matinal de La Linea puisqu'il nous faut tenir compte des marées afin d'avoir le courant avec nous pour entrer en Méditerranée dans de bonnes conditions.
Nous quittons donc La Linea à 6h00 du matin, il nous faut une heure pour sortir de la baie par un vent d'abord nul, puis qui se lève pour nous pousser vers le cap de Gata, à l'ouest d'Almeria en Espagne.
Là on peut dire qu'on s'est régalé, une moyenne proche de 9 Nds avec des pointes dépassant les 16 Nds, Hiva Oa volait sur les vagues, et moi ... ben je planais pas mal aussi, rêvant d'atteindre Carthagène, la destination qu'on s'était fixée, dans des temps records ! C'était sans compter sans les caprices d'Éole qui, tel un dieu capricieux, ne manqua pas de me  rappeler que c'était lui qui décidait, puisqu'il partit se balader ailleurs pour ne revenir, et encore, très poussivement, que dans les quelques heures précédant mon arrivée à Roses !
Roses ? Roses ? Mais t'avais pas dit que le but de l'étape c'était Carthagène ?
Ben oui, sauf que de Carthagène on s'était d'abord dit qu'on pouvait pousser jusqu'à Murcie, un peu plus au nord, et puis Fabien avait pris les dernières prévisions météo qui annonçaient un épisode de tramontane  qui pouvait durer pratiquement une semaine, du golfe du Lion à celui de Valence, et là on a décidé de remonter directement jusqu'à Roses, à quelques milles au sud de la frontière franco-espagnole, portant la longueur de l'étape de 165M à plus de 600M.
Et 600M avec pas ou peu de vent c'est long, trrrès long, surtout quand t'as des emmerdes de moteur ... Et c'est là que nous en venons au titre de cet article, bien abscons jusqu'à présent pour toi ô fidèle lecteur, mais qui va bientôt s'illuminer à la lueur des explications que je m'apprête à te donner !
Alors la loi de Murphy c'est quoi ? Ben c'est la loi de l'emmerdement maximum, à savoir que quand t'as une couille (désolé mais y a pas d'autre mot) qui te tombe sur le coin de la gueule, t'as plus qu'à prier pour qu'il n'y en ait pas une autre qui suit ... Et comme prier ça marche aussi bien que pisser dans un violon ...
Tout a commencé au nord de Murcie, pas un pet' de vent faut marcher au moteur, je m'en fous j'ai le plein de gazole, sauf que mon moteur fait des caprices, sans que je touche à la manette de gaz le régime varie de quelques tours, centaine, puis jusqu'à plus de 500 tours/mn, à presque caler, et là il faut que je coupe car j'ai peur d'abîmer les injecteurs s'ils se bouchent ou je sais pas quoi. Je dis "je sais pas quoi" parce que la mécanique et moi ça fait deux ... Mais bon, je me dis aussi que peut-être, avec un peu de chance, c'est seulement mon filtre à gazole qui est bouché, étonnant car je l'ai remplacé il y a à peine 100h, avant de partir de Paimboeuf. Quoiqu'il en soit, je décide de changer ce foutu filtre, hé oui j'en ai un d'avance et, hé oui encore, je sais comment ça se remplace ! Donc je change ledit filtre et miracle, le moteur repart, tournant comme une horloge ! Alors là, Éric il biche je vous le dis, il est tellement content qu'il fait une vidéo pour sa famille en expliquant comment qu'il est fier, et patati, et patata ... Et deux heures plus tard catastrophe, le moteur se met en alarme température, une épaisse fumée, accompagnée d'une forte odeur de brûlé, se dégage de la cale ! Je coupe tout, et remets les voiles pour naviguer à moins de 2Nds, évidemment y a pas de vent, en me disant que le moteur a sûrement pris une grosse claque, et que je peux  bien attendre le lendemain matin pour constater les dégâts.
Le lendemain matin, on est donc le jeudi 25 janvier, je décide de remplacer la turbine de la pompe d'eau de mer qui sert à refroidir le moteur. Cette turbine c'est un petit machin rond qui tourne, avec 6 pales comme une roue à aubes comme dans un moulin, sauf que la mienne, ben je fais bien de la remplacer parce qu'elle à perdu toutes ses pales. Là je commence à être un peu rassuré en me disant que même si le moteur a pris une baffe peut-être qu'il acceptera au moins de tourner quelques minutes pour prendre un mouillage. Ce qui finit de me rassurer quant à l'état du moteur, c'est quand je vois que le waterlock, une boîte plastique où se mélangent l'eau de mer et les gaz d'échappement, a fondu !
Bizarre de se rassurer en voyant une autre pièce cassée ? Non, pas tant que ça, car à ce moment, je comprends que l'odeur et la fumée que j'avais remarquées la veille ne venaient pas du moteur qui cassait, mais de cette boîte plastique facile à remplacer.
Ouf ! "Murphy t'es quand même un petit joueur !"
Hé les copains, ne jamais provoquer le destin croyez moi ! Car alors que je pensais mes ennuis derrière moi, moins d'une heure après avoir poussé ce soupir de soulagement je faisais tomber à l'eau ma seule manivelle de winch, et sans manivelle de winch (ceux qui savent pas ce que c'est je vous laisse faire bosser wikipedia) t'es quand même un peu dans la med !
Bon bref, après toutes ces aventures, et mésaventures, j'ai fini par arriver ici à Roses dans la nuit de jeudi à vendredi, après trois dernières heures au moteur, avec les gaz d'échappement et l'eau de la pompe qui se déversaient dans la cale, mais juste avant que la tram ne commence à se déchaîner ... Finalement j'ai eu un sacré bol vous trouvez pas ?

Lever ou coucher ?

Sous spi asymétrique


La  flèche rouge c'est où je suis amarré !
Dimanche matin calme à Sta Margarita